Pig life
Comment vivent les cochons? Qui sont-il vraiment? Pour répondre à cette question, il faut commencer par observer des individus dans leur environnement naturel, c’est à dire hors élevage.
On se rend compte que ce sont des animaux très joueurs, qui tissent des liens forts entre eux, et ont une organisation sociale complexe. Les cochons sont des animaux qui rêvent, très sensibles et qui font preuve d’une grande empathie [1].
S’ils aiment la boue, c’est simplement car leur peau est fragile, et que la boue les débarrasse des parasites et les aide à se rafraîchir, car les cochons ne transpirent pas (et ne puent donc pas sous les bras comme nous).
Dans son livre sur la vie des cochons [2], L. Watson écrit : “Je ne connais aucun autre animal qui soit aussi curieux, avec autant d’énergie pour explorer et tenter de nouvelles expériences, et prêt à découvrir le monde avec autant d’entrain et d’enthousiasme. Les cochons, comme je l’ai découvert, sont d’infatigables optimistes qui profitent à fond de la vie.”
Des animaux très futés
Cela n’a pas de sens de dire qu’une espèce est plus intelligente qu’une autre, tout simplement car chaque espèce perçoit et vit son expérience de la vie à sa façon, et doit gérer des situations qui lui sont propres, et qui nécessitent des aptitudes spécifiques.
Mais on peut quand même être être impressionné par les découvertes sur l’intelligence des cochons.
Les cochons savent utiliser des outils
Plus particulièrement, il a été montré par Broom et son équipe qu’ils passent le test du miroir [3], un célèbre test en éthologie cognitive qui permet de vérifier qu’un animal a conscience de soi. Dans l’étude, un bol de nourriture est caché quelque part, hors de portée de vue (et d’odeur). Seul un miroir révèle sa position dans la pièce via son reflet. Les cochons utilisent le miroir pour localiser la récompense.
Parmi les animaux qui ont passé le test, on trouve: les grands singes, l’éléphant d’Asie, le grand dauphin, les orques, les pies, et plus récemment un petit poisson, le labre-nettoyeur.
Notons cependant que l’expérience de Broom a été remise en question par Gieling et son équipe, peut-être à cause du protocole ou des individus testés [4].
Des chiens en plus mignons?
Le chercheur Stanley Curtis de l’université Penn State a longtemps travaillé sur les cochons. Il avait montré par exemple qu’il était aisé de leur apprendre des tours, à la manière de ce que ce qui se fait avec les chiens. Dans une expérience, plusieurs objets étaient placés au sol (une balle, des haltères, un frisbee). Les cochons, sur demande, s’asseyaient à côté d’un des objets, ou sautaient par dessus, ou l’apportaient au scientifique [5].
Les cochons ont une excellent mémoire…
Ils sont capables de mémoriser la localisation d’un grand nombre de ressources alimentaires, ainsi que la quantité de nourriture disponible pour chaque emplacement, et gèrent ces données de façon intelligente [6].
…mais sont malicieux!
Les cochons font preuve d’une grande intelligence et savent garder pour eux la localisation d’un bon spot de nourriture, plutôt que de le partager avec d’autres membres du groupe, surtout lorsque ces derniers sont plus costauds [7].
Ils sont même capables de pousser le vice jusqu’à prendre une mauvaise direction lorsqu’ils sont suivis par un autre cochon, dans le simple but de l’induire en erreur, et de se débarrasser du pot de colle.
Let’s play!
On en arrive au fameux jeu vidéo…
Le chercheur S. Curtis, mentionné précédemment, a développé en 1997 un petit jeu vidéo sur écran, auxquels ont participé deux cochons, savamment nommés Hamlet et Omelette [8].
Le but consistait simplement à déplacer le point blanc affiché à l’écran jusqu’à une zone bleue de forme variable. Les cochons utilisaient leurs groins et leurs dents pour contrôler le joystick bricolé par le chercheur. [9]
Les cochons ont vite compris le principe et s’adaptaient rapidement aux changements de plus en plus complexes de la zone bleue.
Aux dire du Dr Curtis :” les cochons nous réclament de jouer au jeu vidéo. Ils veulent être parmi les premiers à sortir de leur enclos pour ça, et trottent rapidement dans le couloir pour aller jouer.
Les cochons réussissent bien mieux que les chiens et les chimpanzés à ce petit jeu…
Ce qui n’empêche pas ces derniers de prouesses étonnantes, comme dans le cas du chimpanzé Ayumu.
Bref, en vue de ces fait et de cette expérience, peut-être serait-il bien vu de revoir nos préjugés sur nos amis les cochons?